Poétique a une passante baudelaire
Le poème « A une passante » de Baudelaire est tiré du recueil Les fleurs du mal paru en 1856. Quatre-vingt-treizième poème, il se situe dans la section des « tableaux parisiens ». A première vue, il s’agit d’un sonnet, en effet, on retrouve quatre strophes dont deux quatrains suivis de deux tercets. On a ainsi quatorze vers, tous écrits en alexandrin ce qui donne une régularité métrique. Ce poème isométrique n’en ai pour autant pas moins irrégulier. D’une part par la construction des vers syntaxiquement. Tandis que le premier vers termine la première phrase, la seconde phrase n’est terminée qu’au cinquième vers. Il en est de même pour les sept autres. D’autre part par sa construction interne. Il y a non-respect de la césure, alors qu’elle a bien lieu dans les vers 3, 8, 11 ou encore 14, on a d’un autre coté des vers comme le sixième « moi, je buvais, crispé comme un extravagant, » un rythme non binaire (1/3/6). On a donc un rythme lent où les vers sont constitués de deux hémistiche (v13) face à des vers au rythme rapide comme le vers 12 qui peut se diviser sur le schéma 2/4/2/4.
Ce rythme irrégulier se joue beaucoup au niveau de la ponctuation de ce poème, en effet, très abondante et variée (« , », « ; », « ! », « ? »), elle accélère les deux derniers tercets . « Un éclair… puis la nuit ! — Fugitive beauté », ici on voit bien que la ponctuation sert à diviser le vers sous la forme 3/3/6.
En ce qui concerne les rimes de ce poème, on constate un grand nombre de rimes riches (4) et de rimes suffisantes (3). Tandis que celles des deux quatrains sont embrassées (A/B/B/A // C/D/D/C), celles des quatre premiers vers sont croisées (E/F/E/F) suivies de deux rimes plates (G/G). Ce dernier schéma pour les deux tercets souligne la caractéristique de ce sonnet qui est un sonnet anglais dit shakespearien. Malgré l’irrégularité de ce poème, Baudelaire a donc tout de même gardé un héritage classique, notamment dans l’alternance des rimes masculines