Permettez-moi d’en revenir au thème d’aujourd’hui Le poète peut-il changer le monde et de vous lire ce qu’il m’a écrit avant de venir le représenter ici : « Le poète peut-il changer le monde ? Oui, il en a le pouvoir... et le devoir. Il en a les moyens d'action : sa plume et son papier, qui lui permettent de transmettre ses idées, ses opinions, ses coups de gueule, sa perception du monde. Qui lui permettent de dénoncer les contraintes faites à l'humain par la société; de rendre cette société humaine, solidaire, tolérante. Il est vrai que cette plume et ce papier restent des moyens d'action limités par la censure, par la dictature. Je crois l'avoir souligné en page 37 de notre livre "Lettre à(de) l'amie qui me veut du bien" , dans l'interview accordée à la Quinzaine littéraire. À la question "Vous définiriez-vous comme un écrivain engagé", ma réponse était sans ambiguïté : "Plutôt un témoin qui rend compte des réalités de son époque. Avec l’espoir d’exercer une influence indirecte ou une prise de conscience de mes contemporains sur des questions de justice et de partage équitable. Au besoin, inviter ces mêmes contemporains à s’approprier le fond de mes poèmes car je n’en suis pas le seul propriétaire. D’autres personnes que moi peuvent s’en saisir pour crier leur désarroi, leur souffrance, leur mal-être. J’essaie d’inculquer, tout simplement, la nécessité de l’action dans un espace-terre où sévit l’injustice, la dépossession humaine. J’assume le rôle de porte-voix de ceux qui n’en ont pas. Il y a une phrase de Clément Marchand, poète québécois, que j’ai toujours aimée : « Le poète est un interprète naturel de ceux qui ont la bouche close ». Aux époques totalitaires d’antan, la poésie modifiait la pensée commune, la pensée de toute une collectivité. Que mes poèmes permettent de vaincre la résignation collective, de donner un sens au monde dans lequel on vit, de donner à la vie son sens réel, alors je suis ce poète engagé. Ne l’oublions pas, pour une action