ARTHUR RIMBAUD :

Sensation

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

Mars 1870

➢ Il s’agit ici de l’un des premiers poèmes de Rimbaud. Il a alors 15 ans et demi. On est au printemps, Rimbaud rêve à l’avenir (poème rédigé au futur). Il annonce son projet pour l’été qui arrive : il ira dans les sentiers, au cœur de la nature, pour laisser travailler tous ses sens, le toucher, l’odorat. Il rêve d’un bonheur parfait trouvé dans l’harmonie avec la nature. Comme le suggère le titre, l’image que l’adolescent se fait du bonheur est essentiellement sensuelle (éveil de la sensualité à travers la quête d’une intensité des sensations, la célébration imaginaire d’une noce avec la Nature).

Son voyage s’apparente à une fugue : il n’a ni destination ni durée précise. Il veut aller au hasard, très loin, vers une sorte d’infini, de voyage sans retour… La nature lui tient lieu de protection.

➢ Plaisirs du vagabondage + communion avec la nature.

➢ Un rêve d’adolescent fugueur : Rimbaud a envie de sentir quelque chose de nouveau. Il a envie de changer, de s’évader, de vagabonder de par le monde.

➢ Bonheur et liberté : la liberté est inséparable de la notion de bonheur qui est le but recherché.

➢ Composition : 2 quatrains (précisions : qu’est-ce qu’un vers ? Qu’est-ce qu’un quatrain ?) en rimes croisées. Alexandrins.

➢ 1er quatrain :

- contact avec la nature, sensations tactiles (picoté, fouler, sentirai, baigner) ; -