Poème en prose l'Orpheline
Mon pays est un pays comme les autres. Le ciel, d’un bleu azur, légèrement mélangé à un voile nuageux blanc comme la pureté. Les plaines sont plantées d’arbres fruitiers, selon l’ordre établi par le Créateur. Mon pays fut surnommé:
« Perle des Antilles ».
Pourtant, devant un cimetière, une femme accroupie. Aux passants, elle le tend et s’exclame : Charité! Charité! Cette jeune femme, qui est-elle ? C’est Leslie, vingt ans à peine. Fille du capitaine Dubreuil, tué avec sa femme dans une bataille. Orpheline depuis plus de cinq ans. Elle ne peut plus se nourrir ni se vêtir. Sa maigreur et le creux de ses joues en témoignent. Elle se voit condamnée à ce triste sort.
À la porte d’entrée du cimetière, elle se tient. « Charité! Charité! » Dit-elle. Elle attend le secours. Du vieux linge lui donne madame Unetelle, vingt cents par monsieur Untel. Le plus souvent, elle est méprisée par les autres. Quelle tristesse pour cette jeune femme que Dieu a dotée d’une grande beauté.
Pourtant, ses parents sont justes là, dans une tombe où l’on peut lire cette inscription :
« Monsieur et Madame Dubreuil morts en 1819 ».
Que peuvent-ils pour elle ? Rien. Malgré sa souffrance, elle espère. Elle a confiance en ce Dieu d’amour qui un jour la prendra dans ses bras pour la cajoler et la chérir. Mais, elle continue à déambuler et à demander l’aumône.
C’est sa vie!
Sa misère est devenue si grande qu’elle en tombe malade. Elle erre çà et là devant le cimetière, soudain sur une dalle elle tombe. « Au secours! Au secours! » crie- t-elle.
Personne ne l’écoute.
Même si, au fond d’elle, se cache le vif désir d’aller rejoindre les siens, elle crie plus fort : Au secours! Au secours! Dieu entend ses cris de désespoir qui résonnent aux oreilles d’une dame passant par là. Margie, femme au grand cœur, voit en Leslie l’image de Dieu.
« C’est une enfant de Dieu! »murmure- t-elle.
Elle lui vient en aide et se souvient, alors, de ces paroles de