Pouvons-nous être maître de nos pensées ?
Introduction
Comment pourrais-je ne pas être maître de ce qui m’appartient en propre et de ce qui n’appartient à personne d’autre : mes pensées ? A la fois la question posée suscite l’étonnement et, à la fois, l’expérience, souvent faite, d’être dominé par des sentiments, par des obsessions, etc. se présente immédiatement à nos yeux. Doit-on pourtant passer du constat de cette expérience à la conclusion qu’il serait impossible de conquérir un pouvoir sur ses pensées ? Le problème que pose une telle question est en effet de pouvoir penser une sorte de dualité de l’esprit : il y aurait une partie supérieure, celle qui serait susceptible d’être maître de l’autre, partie réceptacle de ces pensées rebelles. S’il se pose une question de maîtrise, c’est qu’il y a à l’origine un problème d’hétéronomie à l’intérieur du sujet. Peut-on venir à bout de cette hétéronomie, de cette dualité à l’intérieur de l’esprit lui-même ? Et que signifie maîtriser ses pensées ? Les connaître ou pouvoir les transformer, les faire taire ? Si la conscience est ce qui permet de fonder l’unité du moi, comment pourrait-on ne pas être maître de ses pensées ? Pourtant si je considère que mes pensées ont une origine qui déborde la conscience que j’en ai la maîtrise n’est-elle pas compromise ? En abandonnant le fantasme d’une domination à la manière d’un maître sur un esclave, peut-on penser une maîtrise relative du sujet sur ses pensées ?
I. Si le « moi » correspond à la conscience, il est possible de connaître et d’avoir un pouvoir
sur ses pensées.
1) Le « moi » défini comme « substance pensante »
Si la faculté de penser en général est le propre de l’homme, les pensées particulières constituent l’individualité de chacun. Par pensée il faut entendre ici l’ensemble des représentations, qu’il s’agisse de désir, d’images, de sentiments, de volontés, de raisonnements. Dire « moi »