Pouvoir et savoir
Savoirs disciplinaires. Pouvoir : pas la même chose que force, puissance, domination. Nous sommes devant une hétérogénéité. De nombreuses pratiques se sont développées indépendamment d’un savoir disciplinaire précis. Nulle part le savoir n’a été une condition déterminante du pouvoir politique ; en général ce qui a prévalu ce sont soit les rapports de force, soit les conventions. Cette hétérogénéité dispose certains praticiens à mépriser la pure théorie, elle dispose également les hommes de pouvoir à se méfier des instances de savoir. Faut-il déplorer cet écart ? Oui, si la véritable légitimité d’un pouvoir est principalement dans un savoir. Mais relativement à cette condition, une différence apparaît. On ne décide pas d’un savoir ou d’une compétence par des suffrages. Des suffrages disent si quelqu’un est jugé digne d’assurer la responsabilité de la réalisation d’une fin politique en tant que non technique. La difficulté naît donc dans une tension entre les savoirs disciplinaires et les pouvoirs institués. La légitimité, c’est-à-dire la conformité à la justice, et le savoir, c’est-à-dire la justesse, se présentent d’abord sur des plans séparés. Peut-il en être autrement ? Soit on cherche à rapprocher ces deux plans, c’est-à-dire à réunir du côté des gouvernants le savoir et la légitimité ; le risque est alors de masquer les sources réelles du pouvoir lorsqu’elles ne relèvent ni de l’un ni de l’autre, de faire perdre au savoir sa spécificité à travers son instrumentalisation. Soit on maintient et on explicite cette séparation entre le savoir et la légitimité en cherchant à développer du côté des gouvernés les savoirs qui la rendront la moins périlleuse possible ; on risque alors de dresser les savoirs contre les pouvoirs, de les enrôler dans une conception réductrice du pouvoir comme pur instrument de domination. Vaut-il mieux perfectionner les institutions pour faire rentrer le savoir dans la sphère du