Pourquoi j'ai mangé mon père
Ernest, un jeune homme préhistorique du Pléistocène moyen, raconte les aventures de sa famille et en particulier de son père Édouard, féru de sciences et pétri d'idées généreuses. Pour échapper aux prédateurs de l'Afrique orientale, Édouard invente successivement le feu, les pointes durcies à la flamme, l'exogamie, le contre-feu et l'arc. Seul l'« oncle Vania » (référence explicite à la pièce de théâtre d'Anton Tchekhov) voit cette débauche de progrès d'un mauvais œil et ne se prive pas de critiquer Édouard, en profitant toutefois de ses dernières trouvailles : si son cri de ralliement est « Back to the trees ! », il le pousse volontiers auprès d'un foyer rassurant et la bouche pleine de viande cuite.
Le reste de sa famille est également inventif : Edwige, la mère, découvrira la cuisson des aliments alors que Ernest et ses frères se distingueront chacun à leur manière. William tentera de domestiquer un chien, Alexandre, à l'aide de morceaux de charbon, dessinera des images contre les rochers, Oswald poussera, en bon chasseur, la famille à la vie nomade et Tobie découvrira comment produire du feu avec des silex.
L'incendie accidentel de la savane, le don du feu à une tribu adversaire, puis la découverte de l'arc donnent lieu à de nombreuses controverses conduisant au dénouement tragique qui justifie le titre français.
[modifier] Analyse
La plupart des inventions de nos lointains ancêtres sont mises en scène et ramenées à l'échelle d'une même génération. Au fil du roman sont distillées des informations reflétant assez justement l'état des connaissances scientifiques lors de sa première publication.
L'auteur réussit à éviter les lourdeurs fréquentes dans les romans consacrés à la préhistoire, tels qu'un langage approximatif ou une situation de faiblesse vis-à-vis des éléments naturels : ici, les hommes préhistoriques utilisent un langage châtié et livrent des réflexions très élaborées. Ils sont pleinement conscients de leur condition et de leur degré