Portrait Yves Bonnefoy
La présence poétique, une « expérience d’exister sensible »
A 90 ans, Yves Bonnefoy, poète par excellence, développe une intéressante philosophie concernant l’art dans toutes ces expressions, celle de la PRÉSENCE. Les idées fondatrices de cette pensée que l’écrivain dissémine depuis des années pourraient provenir de la pensée dite existentielle, celle qui tient, comme l’intuition poétique, que la seule réalité est l’être humain engagé dans sa finitude, c’est-à-dire dans le hasard et dans le temps.
Assez triste, son enfance marque fortement ses futures créations, énormément chargées de descriptions et de sentiments très profonds. Né à Tours, fils d’une mère infirmière puis institutrice et d’un père ouvrier-monteur des chemins de fer, Bonnefoy passe ses vacances dans en endroit adoré, un lieu d’exil, Toirac, chez ses grands-parents, où il trouve un espace de liberté.
Les expériences de ce garçon, sensiblement capturées dans son intérieur, et les rapports familiers donnent lieu, bien des années plus tard, au formidable recueil de poèmes publié en 2001 Les Planches Courbes. Création très profonde et touchante, doit-on avouer, cet ensemble de mots autobiographiques présentent la figure du père pour la première fois.
Le jeune Bonnefoy poursuit, initialement, ses études en mathématique à Poitiers mais il les abandonne pour se consacrer complètement à la poésie, à la philosophie et à l’histoire de l’art; chemin magnifique que l’écrivain parcourt, déjà installé à Paris, jusqu’à nos jours, donnant lieu à une immense et enrichissante quantité de créations, dont quelques-unes ont reçu des prix très importants comme le Prix Goncourt de la poésie ou le Grand prix de la poésie de l’Académie française.
Dans les années 40, il se laisse séduire par les surréalistes mais les différences avec André Breton provoquent son imminent éloignement. Spécialiste de Shakespeare, Bonnefoy le traduit plusieurs fois, dans des œuvres telles que Hamlet, Roméo