Plaisir
« N’est-il vrai que, nous autres hommes, désirons tous être heureux ». Ces paroles sont de Platon. Le bonheur, conçu comme ce qui oriente et détermine les actions humaines, doit faire l’objet de profondes réflexions. Il s’agit tout d’abord pour Platon de s’opposer aux sophistes dont il résume les positions dans plusieurs de ses dialogues. Pour eux, le bonheur dépend de la fortune (au double sens du hasard et de la possession des biens matériels). Notons que l’étymologie du mot français « bonheur » n’est pas étrangère à cette signification : « bonheur » vient du latin bonum augurium qui signifie « bon présage ». Les sophistes, comme en témoigne Calliclès dans le Gorgias, affirment que le bonheur est tributaire de ce que la nature a conféré à chaque homme ; est heureux celui chez qui, par nature, existe un équilibre entre les désirs et les facultés. En effet, le bonheur ne se goûte qu’à condition que les désirs n’aillent pas au-delà des possibilités de leur satisfaction. Selon cette optique, sera le plus heureux celui qui aura les désirs les plus grands et le plus de moyens de les assouvir (un tyran par exemple). Le bonheur est donc inséparable du plaisir (c’est ce qu’on appelle l’hédonisme) et, plus encore, se mesure à l’intensité de ce plaisir. Socrate cherche à faire entendre à Calliclès que les désirs ont quelque chose d’incontrôlable et