Plaidoyer pour le vagabond de maupassant
Monsieur le Président de la Cour, Messieurs les juges, Nous voici réunis dans cette salle pour juger mon client, Jacques Randel ; l’homme que vous voyez assis sur le banc des accusés est un jeune charpentier de 27 ans, fils ainé d’une bonne famille et célibataire ; c’est aussi un bon citoyen en règle de papiers et de certificats mais, hélas, au chômage depuis plusieurs mois … De quoi l’accuse-t-on aujourd’hui ? Et bien, d’avoir volé par effraction de la nourriture dans l’habitation d’un couple de villageois et d’avoir violé une jeune servante ! Laissez-moi vous rappeler les faits tels qu’ils nous ont été communiqués par les enquêteurs : Monsieur Jacques Randel était depuis 40 jours déjà sur les routes à la recherche d’un travail qu’il ne trouvait pas ; il était désespéré et surtout à ce moment-là, affamé. Alors qu’il passait devant la maison d’un couple parti à la messe, vers 12HOO, l’odeur d’un repas attira mon client vers la maison. Il frappa mais personne ne vint lui ouvrir ! Il frappa de plus belle et hurla même pour se faire entendre et demander de l’aide. Personne ne répondit ! C’est là qu’il vit la fenêtre de la maison entrebaillée…Dès lors, il passa par cette fenêtre restée ouverte pour se servir en pain et en pot-au-feu ; il but aussi beaucoup d’eau-de-vie. Une fois rassasié et alerté par le son de la cloche voisine signalant la fin de la messe, il reprit la route.
Quelques instants plus tard, sur un chemin de campagne à l’entrée du village, il rencontra une jeune servante portant des seaux de lait. Cette-ci l’interpella alors qu’il chantait et était très joyeux. En manque de tout depuis deux mois qu’il était sur les routes, il finit par culbuter la jeune fille qui renversa ainsi son lait. Elle ne cria pas et céda aux avances de Randel. Ensuite, se rendant compte que Randel ne pourrait pas payer le lait renversé, furieuse, elle lui envoya son sabot et des pierres à la figure