Pierre et jean
Introduction
Dans le chapitre précédent, le notaire est venu annoncer qu'un héritage de 20000 Fr. est laissé à Jean par un ami de la famille: c'est l'élément déclencheur du malaise de Pierre. La mère a une réaction émotionnelle, comme sortie d'un rêve.
Pierre apprend que Maréchal était allé chercher le médecin, comme s'il était plus qu'un ami => doute de Pierre.
Ensuite, Jean part se promener suivi peu après par Pierre qui a besoin de solitude à cause de son énervement et de son dégoût.
Pierre arrive à analyser ses réactions, dédoublant ainsi sa personnalité. Il fait un lien entre son errance intérieure et extérieure.
Lecture du texte
Dès qu'il fut dehors, Pierre se dirigea vers la rue de Paris, la principale rue du Havre, éclairée, animée, bruyante. L'air un peu frais des bords de mer lui caressait la figure, et il marchait lentement, la canne sous le bras, les mains derrière le dos.
Il se sentait mal à l'aise, alourdi, mécontent comme lorsqu'on a reçu quelque fâcheuse nouvelle. Aucune pensée précise ne l'affligeait et il n'aurait su dire tout d'abord d'où lui venaient cette pesanteur de l'âme et cet engourdissement du corps. Il avait mal quelque part, sans savoir où. ; il portait en lui un petit point douloureux, une de ces presque insensibles meurtrissures dont on ne trouve pas la place, mais qui gênent, fatiguent, attristent, irritent, une souffrance inconnue et légère, quelque chose comme une graine de chagrin.
Lorsqu'il arriva place du Théâtre, il se sentit attiré par les lumières du café Tortoni, et il s'en vint lentement vers la façade illuminée ; mais au moment d'entrer, il songea qu'il allait trouver là des amis, des connaissances, des gens avec qui il faudrait causer ; et une répugnance brusque l'envahit pour cette banale camaraderie des demi-tasses et des petits verres. Alors, retournant sur ses pas, il revint prendre la rue principale qui le conduisait vers le port. Il se demandait : "Où irais-je bien ?" cherchant un