Pic de la mirandole
Lorsqu'il écrit l'Oratio de hominis dignitate, qui aurait dû introduire ses Neuf cents thèses philosophiques, théologiques et cabalistiques, Pico della Mirandola (1463-1494) a vingt-quatre ans. Bien conscient du fait que «ses façons ne répondent ni à son âge, ni à son rang», c'est pourtant une philosophie nouvelle qu'il propose à ses aînés ; philosophie ouverte, accueillant tout ce qui, depuis les Mystères antiques jusqu'aux religions révélées, émane de ce que l'on pourrait appeller la «volonté de vérité».
L'homme est au centre de cette philosophie, en ce que le divin a déposé en lui ce «vouloir», cette volonté dont il use à sa guise, le créant « créateur de lui-même ». Et cettepuissance du vouloir, cette volonté de «se connaître soi-même», Pico la retrouve chez les Sages grecs et orientaux, mais aussi dans la kabbale juive, la pensée arabe, la scolastique et les auteurs chrétiens. S'agit-il pour autant d'un oecuménisme sans discernement ? Plutôt de la fusion en l'homme de cette intelligence, dévoilée dans le contactentre les différentes sagesses. L'Oratio reste inédite; les thèses sont publiées en 1486, mais l'Église ne voudra pas entendre – quelle église pourrait vouloir entendre ? Pico devra s'exiler en France avant d'être fait prisonnier et incarcéré au donjon de Vincennes en 1487.
Dans sa ferveur juvénile, le propos de Pico demeure intact, vierge, intempestif. Il fait appel, encore et toujours, à l'homme digne, vagabond de la vérité, lui offrant « l'un des plus sincères monuments de la