Philosophie
1
L•ES•S
La « révolution psychanalytique »
L’affirmation de l’inconscient condamne à se méconnaître
• C’est avec les théories élaborées par Freud à partir de son expérience thérapeutique que se trouve bouleversée la conception classique de l’homme. Malgré les réserves formulées notamment par Nietzsche, la philosophie, au début du XXe siècle, continue à admettre qu’il existe dans le sujet humain une capacité de connaître et de contrôler ses pensées et émotions, ses actes et son langage. Cette capacité se trouve radicalement contestée par l’existence d’un inconscient qui, selon Freud, occupe les neuf-dixièmes de l’appareil psychique et doit être compris comme constitué de pulsions qui ne peuvent accéder à la conscience. • L’individu est dès lors condamné à méconnaître ce qui le constitue. De plus, il devient incapable de maîtriser le sens réel de ses propres manifestations (ses goûts, ses gestes, ses paroles). Ainsi des phénomènes jusqu’alors tenus pour secondaires ou négligeables – parce que rebelles au contrôle de la conscience rationnelle (les rêves, les lapsus, les mimiques) – apparaissent dotés d’un sens profond v mais qui demande à être exploré et interprété.
Un coup porté à l’orgueil humain
Freud lui-même a souligné combien « l’égoïsme naïf de l’humanité » serait choqué par la psychanalyse, qu’il présente comme la troisième grande révolution intervenant dans la conception que l’homme peut avoir de lui-même : – la première a eu lieu lors du passage (avec Copernic et Galilée) du géocentrisme à l’héliocentrisme : l’homme ne peut plus se concevoir comme le centre de l’univers ; – la deuxième, que symbolise la théorie darwinienne de l’évolution des espèces, a révélé à l’être humain « l’indestructibilité de sa nature animale » ; – la psychanalyse, en troisième lieu, montre « au moi que, même dans sa propre maison, il n’est pas maître », et qu’il doit « se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de