Le désir souvent se comprend suivant l’image du tonneau des Danaïdes, c’est-à-dire comme un manque inassouvible. Cet inassouvissement du désir a souvent valu au désir les plus vives critiques notamment du point de vue de la condition humaine. Et en effet, ces critiques notamment se sont faites au nom de la misère dans laquelle il plongeait l’homme. Le désir serait ici, le signe (la marque) de la misère de l’homme. Cependant, le désir exprime un rapport au manque, mais aussi une création authentique. Le désir est ce mouvement qui me porte vers un objet que j’imagine source de satisfaction ou pouvant constituer mon bonheur d’une manière ou d’une autre. Néanmoins, le désir ne se confond pas avec la volonté : vouloir ce n’est pas seulement désirer mais organiser les moyens en vue d’une fin poursuivie. Le désir n’est pas non plus le besoin. Le besoin est fondamentalement un manque matériel alors que le désir est déjà d’une certaine façon spirituel ou plus exactement d’ordre existentiel. Mais si le désir est la fois la marque de la misère, cela signifie-t-il qu’il faut faire une différence entre cette misère et le désir qui en serait son révélateur ? De plus, si le désir est à la fois manque et création, n’est-ce pas dire aussi que le désir est puissance positive donc la marque aussi de la grandeur de l’homme ? C’est à ce faisceau de questions que nous trouvons de façon sous-jacente dans le sujet : « le désir est-il la marque de la misère de l’homme ?