Philosophie

1443 mots 6 pages
La critique de la métaphysique
« Comment une chose pourrait-elle procéder de son contraire, par exemple la vérité de l'erreur ? Ou la volonté du vrai de la volonté de tromper ? Ou le désintéressement de l'égoïsme ? Ou la pure et radieuse contemplation du sage de la convoitise ? Une telle genèse est impossible; qui fait ce rêve est un insensé, ou pis encore; les choses de plus haute valeur ne peuvent qu'avoir une autre origine, un fondement propre. Elles ne sauraient dériver de ce monde éphémère, trompeur, illusoire et vil, de ce tourbillon de vanités et d'appétits. C'est bien plutôt au sein de l'être, dans l' impérissable, dans le secret de Dieu, dans "la chose en soi" que doit résider leur fondement, et nulle part ailleurs".
Ce genre de jugement constitue le préjugé typique auquel on reconnaît les métaphysiciens de tous les temps. Cette manière de poser les valeurs se dessine à l'arrière-plan de toutes les déductions de leur logique. Forts de cette "croyance", ils partent en quête de leur "savoir", de ce qu'ils baptiseront solennellement, en fin de compte, la "vérité". La croyance fondamentale des métaphysiciens, c'est la croyance en l'antinomie des valeurs. Même les plus prudents, ceux qui s'étaient jurés "de omnibus dubitandum", ne se sont pas avisés d'émettre un doute sur ce point, au seuil même de leur entreprise, alors que le doute était le plus nécessaire. Car on peut se demander, premièrement, s'il existe des antinomies, et deuxièmement, si ces appréciations populaires, ces antinomies de valeurs sur lesquelles les métaphysiciens ont imprimé leur sceau, ne sont peut-être pas de simples jugements superficiels, des perspectives provisoires, peut-être par surcroît prises sous un certain angle, de bas en haut, des "perspectives de grenouille" en quelque sorte, pour employer une expression familière aux peintres. Quelque valeur qu'il convienne d'attribuer à la vérité, à la véracité et au désintéressement, il se pourrait qu'on dût attacher à l'apparence, à la

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