Philosophie : la matière et l'esprit
L’"évidence" de la matière |
L’expérience quotidienne paraît confronter mon corps à une matière incontestablement bien présente : si je me cogne un genou dans une chaise, ne fais-je pas immédiatement l’expérience d’un objet solide, détaché de moi-même, et qui fait obstacle à mon déplacement?
Mon corps me rappelle ainsi son caractère matériel : si j’étais pur esprit, le choc avec la chaise n’aurait pas eu lieu. Ainsi suis-je invité à concevoir que je suis partiellement constitué de matière, et aussi que cette dernière se distingue de ma dimension spirituelle : n’est-ce pas celle-ci qui prend conscience de ma douleur physique, et qui dirige mon parcours ultérieur dans un espace trop encombré?
Tout ce qui m’environne serait ainsi "matériel" : objets, plantes, outils, constructions. Et de cette matière omniprésente, je pourrais distinguer 2 aspects principaux : une matière "naturelle" (les arbres, la terre) et une matière "travaillée" (tous les objets élaborés par l’homme), qui n’en finirait pas de témoigner de la dimension spirituelle de l’humanité, puisque c’est d’elle, de ses projets, de ses choix, de ses décisions, que dépend le travail.
Le dualisme classique |
Lorsque Descartes caractérise le corps par l’étendue et l’âme par la pensée, il officialise philosophiquement l’opposition intuitivement perçue entre matière et esprit. Dans la mesure où il considère que l’âme n’est présente, parmi les vivants, que chez l’homme, il en conclut que les animaux ne sont que des "machines", assemblages complexes de roues et de ressorts, et comme tels intégralement connaissables par les voies de la géométrie et de la mécanique.
Ainsi l’esprit humain se distingue-t-il clairement, ou se coupe-t-il, du reste du monde,qu’il lui appartient dès lors de connaître et de maîtriser pour le plus grand profit de l’homme lui-même. La distinction radicale entre la subjectivité et le monde objectif ouvre la possibilité d’une