Bien que l’étymologie des mots instruction et éducation ne conduise pas si clairement à en différencier le sens - les deux termes contenant tout deux une idée de responsabilité de l’individu dans la construction de son être - la définition de Locke est la plus communément admise : l’instruction s’adresse plutôt à l’esprit qu’elle vise à former par l’acquisition de savoirs et l’éducation vise à la formation de l’être dans sa globalité.

L’éducation englobe donc l’instruction ce qui lui donne d’emblée une valeur supérieure. Locke parle de nécessité de l’instruction, mais d’une nécessité de second rang qui complète les fondamentaux fournis par l’éducation. Il va jusqu’à supposer qu’on puisse disposer d’une instruction qui rende plus sots et plus méchants des individus insuffisamment éduqués moralement.

C’est ici qu’est posée la question de la pertinence d’une éducation morale pour la formation d’un être humain. La transmission de valeurs morales ne risque t’elle pas de conduire à une formation étriquée de l’individu, à une mise en scène peuplée d’apparences et de bonnes manières ? L’éducation morale, comprise comme une éducation qui met en avant la morale, ne renvoie t’elle pas finalement au sens initial du mot « educatio » qui concerne le dressage des animaux ? Dans ce cas, c’est l’instruction qui transporte les valeurs les plus nobles et le statut de l’éducation rétrograde.

Revenons sur la position de Locke, l’étude des textes de ses pairs philosophes – quel que soit l’époque pourrait on dire - rend presqu’absurde sa contestation. Dès la Grèce antique, il est évident qu’une formation harmonieuse de l’individu le prend en compte dans sa globalité, pour Platon le but de la bonne éducation est de donner au corps et à l’âme toute la beauté et toute la perfection dont ils sont capables. Platon rêve d’un état dirigé par les philosophes, par les détenteurs du savoir donc, il n’est pas de savoir plus élevé que celui du philosophe. Mais tous les textes de Platon