Philo
I.
La conscience perceptive m’arrache à l’inertie du monde et m’élève à la liberté de l’initiative. Ce par quoi j’appartiens au règne du vivant et non au règne de l’inerte, du mineral.La conscience implique ma possibilité de réagir voire d’anticiper laquelle constitue ma liberté fondamentale. Je ne subis pas mécaniquement les forces naturelles qui s’exercent sur moi. Je n’obéis pas à la simple loi de la chute des corps, je ne recul pas sans résistance à la poussée d’un autre corps, je ne me laisse pas dévorer par un prédateur. A chaque fois, qu’il y a menace ou une pression extérieure, je réagis. La réaction, c’est ce sursaut de liberté par lequel je romps le cours naturel et prévisible des choses. J’introduis dans le cours des choses une part d’imprévisible, de possibilité, d’altérité. (Je partage cette faculté avec l’animal ; l’animal est en l’occurrence aussi libre que moi).
Mais, c’est aussi la forme la plus fruste de la liberté.
II.
Réagir, c’est encore obéir. C’est agir en fonction de quelque chose d’extérieur.
C’est encore dépendre de quelque chose d’étranger.
Refuser, repousser telle ou telle chose, c’est encore dépendre de telle ou telle chose.
C’est refuser telle ou telle sollicitation.
Mais, je peux aussi choisir de refuser toute chose en bloc.
Ce refus global, c’est celui de Descartes lorsqu’il doute radicalement.
Il refuse de croire ou d’accorder sa confiance à tous les prétendus savoirs.
Douter, c’est lever son adhésion aux choses. (c’est une façon de tenir la chose à distance).
Il ne doute pas simplement de telle ou telle chose parce qu’elle est douteuse ;
Il choisit de douter de tout.
Ainsi, il oppose de son propre chef un “non” global aux choses ; il n’attend pas d’examiner chaque chose pour être amené par elle à douter.
L’animal ne sait pas dire non !
Il ne connaît pas la négation ! (cf. E.Weil Logique de la philosophie p.7-8)
L’homme est cet être insatisfait