Philo
A peine les animaux ont-ils quelques forces qu’ils se mettent à en user dans la normalité, c’est-à-dire en sorte qu’elles ne puissent leur porter dommage. C’est merveilleux, en effet, de voir par exemple les jeunes hirondelles, tout juste sorties de l’œuf et encore aveugles, n’en être pas moins habiles à faire tomber leurs excréments hors du nid. Les animaux n’ont ainsi nul besoin d’être soignés, tout au plus leur faut-il être nourris, réchauffés, guidés et, dans une certaine mesure, protégés. La plupart d’entre eux réclament sans doute la nourriture, mais non les soins. On entend par soin l’attention des parents à ce que leurs enfants ne fassent nul usage funeste de leurs forces. Un animal, par exemple, devrait-il, sitôt venu au monde, crier à la manière des enfants qu’il deviendrait à coup sûr la proie des loups et des bêtes sauvages attirés par ses cris.
La discipline change l’animalité en humanité. Un animal est déjà tout par son instinct ; une raison extérieure a, sans attendre, tout arrangé pour lui. L’homme, quant à lui, a besoin de sa propre raison. Dépourvu d’instinct, il doit façonner à son usage le plan de sa conduite. Mais parce qu’il n’est pas à même de réaliser d’emblée cette tâche et que, tout au contraire, il naît à l’état brut, d’autres doivent y pourvoir à sa