Philo
A. Désirer, dans un premier sens, se définit comme un moyen de la notion de manque : un vivant animé désire un objet si 1) cet objet lui manque, c’est-à-dire s’il ne possède pas cet objet alors qu’il devrait le posséder et 2) si le manque de cet objet peut être la cause d’un effort de ce vivant pour s’approprier cet objet.
B. Désirer semble alors être le propre du vivant animé en général : cela le distingue à la fois du monde minéral et du vivant animé, c’est-à-dire du règne végétal. En effet, seul un être vivant en général peut manquer de quelque chose : parce qu’il est en vie, il doit s’approprier des objets différents de lui-même pour rester une vie (par exemple, des nutriments pour une plante, de la nourriture pour un animal). Et un être vivant est animé à partir du moment où ce manque est la cause d’actions pour satisfaire ce manque : le désir n’est autre que l’effort du vivant animé pour satisfaire le manque et donc pour continuer à exister.
C. On peut suggérer en outre que cet effort est peut-être l’essence même des êtres vivants animés : qu’est-ce qu’un animal à un moment donné sinon l’ensemble de ces efforts pour se maintenir en vie ?
Mais un problème se pose : si le désir ainsi défini caractérise le vivant animé en général, c’est une notion trop large pour définir l’homme.
2. L’homme, cet être qui peut échapper au désir
A. Le désir caractérise le vivant animé en général. Or, l’homme est un être vivant animé. De fait, il doit lui aussi se nourrir pour satisfaire sa faim. Bien plus, le travail peut être interprété comme l’effort spécifiquement humain pour satisfaire le désir.
B. Mais l’homme n’est-il que cela ? De nombreuses activités spécifiquement humaines suggèrent au contraire que ce qui distingue proprement l’homme du reste du règne animal, c’est sa capacité à s’échapper à la loi d’airain du désir. L’homme n’existe pas seulement en vue de persévérer dans