Philo Art
Lorsqu’un objet du quotidien devient une œuvre d’art, il n’est plus possible de s’en servir. Mais se demander si les œuvres d’art sont « des réalités comme les autres » revient-il nécessairement à les distinguer des choses dites ordinaires ? À quel ordre de réalité est-il pertinent de comparer les œuvres d’art ? Que faisons-nous lorsque nous distinguons une œuvre d’art d’autre chose ? S’agit-il d’une entreprise de simple définition ? Ou d’un jugement de valeur produisant une hiérarchie entre les réalités ? En un sens, il semble nécessaire de distinguer les œuvres d’art des autres réalités pour élaborer une définition de l’art. Toute définition est négation. Mais de l'autre, cette définition-même peut pointer la capacité spécifique des œuvres à se différencier, que ce soit par leur originalité, ou tout autre trait, et également l’idée que, justement, l’œuvre d’art est la réalité en tant qu’elle se distingue. Dans un monde, comme le dit Hölderlin, « déserté par les dieux », l’œuvre d’art serait la matérialisation d’un sens de la transcendance, de la différence entre l'existence brute de l’objet et l’objet que l’on contemple uniquement pour lui-même. C'est pourquoi on a souvent situer l'art d’un côté de la frontière qui sépare l’éthique du technique, le gratuit de l’intéressé. Alors, ne pas faire la différence entre l'objet de l'œuvre et tout autre objet conduirait-il à ne pas pouvoir reconnaître les œuvres d’art du tout ? Le risque existe aussi d’une