Phedre act1 scene 3
Le dialogue manifeste le rapport très intime qui unit Œnone à Phèdre dont elle a été la nourrice. Dans son insistance, Œnone se trouve néanmoins dotée d’un rôle qui va au-delà de celui de confidente : en faisant avouer à sa maîtresse son amour, elle est l’agent du destin et embraye la machine tragique.
Dans sa tirade, Phèdre se rend coupable de faire éclater au grand jour non seulement une passion interdite mais également sa haine des dieux.
Comment l'expression de l'amour fait apparaître une violence tragique ? L’amour est d’abord manifesté par les comportements de Phèdre dans son aveu. C’est un amour fatal qui représente un défi pour le personnage, typique au héros racinien.
On trouve chez Phèdre un comportement qui témoigne du désordre amoureux né du premier regard. Cette passion folle se traduit sur le plan physique par la juxtaposition des verbes «je le vis, je rougis, je palis » qui fait signe à la fois d’amour et de honte. Elle ne peut contrôler ses sentiments, elle montre une dépossession de soi, une perte de sens « ne voyaient plus, ne pouvais plus parler, corps glacé et brulant », une faiblesse envers la situation. Le personnage est aussi troublé moralement : la perte de sa raison est mise en relief « un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ». Ces éléments caractérisent un heros racinien qui envisage sa situation bloquante avec faiblesse d’esprit et esclavage aux sentiments. Sa langue semble aussi aliénée par cette passion : l’anaphore « j’aime…», l’antithèse ennemi/idolâtre et les hyperboles « par des vœux assidus […] je lui bâtis un temple […] à toute heure entourée » témoignent d’une fatalité à laquelle Phèdre ne peut échapper. Pour contrer son sentiment elle a eu recours à