Peut-on écrire sur ce que l'on a pas vécu ?
Pour certain, l’expérience personnelle est primordiale, tandis que pour d’autre, elle n’est que lointaine et accessoire. C’est une question de point de vue.
Car ceux qui négligent le travail de mémoire, n’oublient pas de mettre leur imagination au service de leur œuvre. Et très souvent, l’imaginaire d’un écrivain se montre fertile en romance, conte, mythe, histoire fantastique et autre fiction.
Il est saint de se tourner vers ce que l’on ne connaît pas, vers le nouveau. Cela témoigne d’une curiosité créatrice. Et seule une curiosité personnelle pour l’inconnu peut faire jaillir dans le présent des éléments du futur.
C’est de cette curiosité que naissent les mouvements précurseurs. Ces mouvements, qu’ils soient artistiques ou scientifiques font renaître des éléments du passé en les propulsant dans l’avenir. Il en résulte de grandes modifications dans l’appréciation des phénomènes contemporains et il se crée une espèce d’harmonie dans les œuvres imaginaires d’une même époque.
Il est certain que dans cette harmonie, un esprit place plus haut ses observations et ses créations. Il se fait donc naturellement une différenciation qualitative dans la masse créative d’une époque.
Il faut biensûr considérer les peintres, les sculpteurs, les danseurs, les comédiens, les musiciens et les réalisateurs comme des écrivains du grand livre de la vie. C’est par le génie de chacun d’entre eux que s’inscrit la « marque » dont parlait Malraux dans son discours subjuguant.
Et dans une perspective plus large encore, il est juste de voir en chaque être humain un écrivain en constante recherche et en perpétuelle inspiration. Je dirai même qu’un chien, déposant sa patte dans le sable d’une plage, modifie lui aussi la page de l’existence.
Mais c’est aller bien loin et j’en veux revenir à la