Peut-on résister à la vérité ?
Corrigé
Introduction
On ne saurait nier que 2 et 2 font 4 ou que la Terre tourne autour du Soleil : la vérité, comme qualité d’un discours ou d’un jugement portant sur le réel, s’impose d’elle-même ; elle est par définition universelle et objective et, en ce sens, irrésistible.
Et cependant la vérité n’est pas neutre ou indifférente ; il est des bouleversements scientifiques qui heurtent la morale sociale ou religieuse, comme ce fut le cas de la révolution copernicienne, ou encore des changements historiques et politiques qui annoncent la fin d’une classe sociale ou celle d’un monde : dans tous les cas, il peut nous sembler préférable de les ignorer. Or ce désir que l’on a de conserver ses propres illusions, contre une vérité qui menace d’altérer sa conception du monde – voire son identité –, témoigne du fait qu’il est possible de rejeter inconsciemment (ou peut-être même sciemment) ce que pourtant l’on sait.
D’où le problème : comment peut-on ignorer une vérité que cependant l’on connaît – y résister en ce sens ? En a-t-on seulement le pouvoir ? Il semble de ce point de vue paradoxal d’affirmer qu’il existe un mensonge à soi, une intention délibérée de se tromper.
Et pourtant l’existence de l’illusion ou celle du préjugé attestent la possibilité effective d’une telle résistance à la vérité.
1.Non, on ne peut pas résister à la vérité
A. La vérité est universelle, elle requiert l’adhésion de tous – sans quoi elle n’est pas la vérité Conformément à une définition traditionnelle de la vérité, celle-ci désigne l’adéquation objective de la pensée à la réalité. Comme telle, premièrement, la vérité ne doit pas être confondue avec la réalité. Le jugement par lequel on affirme par exemple que « cette table est jaune » est distinct de la couleur jaune de cette table, laquelle n’est en elle-même ni vraie ni fausse. Deuxièmement, la vérité fait l’accord des esprits ; elle renvoie à un jugement reconnu ou désigné par