Peut-on dire tout ce que l'on pense ?
« Il y a dans les souvenirs de chacun des choses qu’il ne révèle pas à tout le monde, mais seulement à des amis. Il y a des choses qu’il ne révèlera pas à ses amis mais seulement à sa propre conscience, et encore, sous le sceau du secret. Et il y a enfin des choses que les hommes craindront de révéler même à leur propre conscience, et ces choses, même chez les hommes les meilleurs. » En disant cela, Dostoievski nous fait part de son opinion à propos de la question, peut-on dire tout ce que l’on pense. A celle-ci il est possible de rétorquer en se demandant si nous pouvons seulement ne pas partager nos opinions. Est-il possible par le langage communément établit de se faire correctement comprendre par autrui ou bien la non-universalité et la limite de ce langage constituent-t-elles une barrière à une totale compréhension ? Nous commencerons donc par nous demander si le langage permet une retranscription fidèle de nos idées et si oui, si nous avons le droit de dire tout ce que l’on pense. Puis à partir de là nous pourrons nous demander s’il ne suffit pas d’adapter son discours à son public.
D’abord, la question de la fidélité du langage se pose. Il s’agit de savoir si les systèmes de communications établis par les être-humains sont assez précis pour traduire authentiquement la pensée. Certains philosophes pensent que le langage au sens de « dire » est une capacité propre à l’être-humain. Bergson, par exemple pense que la pensée précède le langage, peut-être peut-on donc imaginer que la pensée est plus aboutie que ce que l’on pourra transmettre à autrui. Hegel quant à lui suppose que la pensée et le langage sont simultanés, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont identiques, voilà donc une fois de plus la question de l’authenticité du code linguistique. Boileau disait que « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » donc que seules les pensées les plus