Petite critique cinématographique du film thérèse raquin
Il existe un point où Carné et Zola divergent. Dans l'intrigue originale déterministe, la liberté des amants initiaux donne lentement la place à un cauchemar de culpabilité et à des récriminations mutuelles. Zola introduit finalement détails grotesques comme des cadavres en décomposition dans une morgue, et un piège domestique plus étouffant que Thérèse espérait échapper. Cette « mise à jour » du film conserve seulement un soupçon de cet angle, optant plutôt pour un régime de chantage plus général par un témoin partiel de la criminalité. Thérèse et Laurent ne sont jamais à l’abri de la condamnation. Leur propre crime les laisse résigner et froid jusqu'à ce que cette troisième partie arrive, et dès lors leur sort est entièrement entre les mains du maître chanteur. Une histoire sur la culpabilité de manger l'âme est réduite seulement à un thriller macabre avec une fin de torsion.
Nous sommes confrontés à une nouvelle tragédie noire, dont le développement du récit n'est pas loin de celle des films issus de la collaboration entre Carné et Prévert. L'humour noir du film réside en effet dans "Thérèse Raquin" de sa représentation extrême, ce qui exclut même l'aura poétique de pessimisme sentimental de son auteur… On comprendra alors que le naturalisme ne touche pas le sol de la narration, restant