Perspectives macroéconomiques de l'immigration
Xavier Chojnicki, maître de conférences à l’université de Lille 2, chercheur au laboratoire EQUIPPE et chargé de recherche au CEPII.
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ongtemps terre de départ, l’Europe occidentale est devenue aujourd’hui une terre d’immigration nette, notamment du fait de son niveau de développement et de richesse. Pourtant, si l’immigration a essentiellement été considérée comme une ressource jusqu’au premier choc pétrolier, certaines interrogations sur ses bienfaits sont apparues depuis la fin des Trente Glorieuses et l’émergence du chômage de masse. Depuis, la question migratoire occupe une place croissante dans les débats politiques, et la plupart des pays européens, confrontés au ralentissement de la croissance économique, ont cherché à mieux contrôler et à réduire leurs flux d’immigration. Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les éventuels effets économiques négatifs de l’immigration qui sont mis en avant dans le débat, mais aussi le besoin de main-d’œuvre face à la stagnation de la population active, l’apparition de probables pénuries sectorielles et la montée du nombre de personnes dépendantes. Du point de vue économique, la notion d’immigration sélective vise explicitement à privilégier l’entrée d’immigrants qualifiés. La nécessité d’atténuer autant que possible les effets négatifs annoncés du déclin démographique sur l’activité économique est à l’origine du débat sur une immigration de « remplacement ». L’action sur les flux d’entrées, plutôt que sur les taux de fécondité, présente un double avantage : ses effets sont non seulement
Regards croisés sur l’économie n° 8 – 2010 © La Découverte
146 Économie politique des migrations plus rapides, mais aussi plus maîtrisables par les autorités publiques. À cet objectif démographique quantitatif est venue se greffer la visée d’un contrôle également qualitatif des flux d’entrées. La mise en place d’une procédure de sélection doit