perspective
Jean-Marc Besse
UMR Géographie-cités (CNRS/Paris 1/Paris 7)
Communication à la Journée d’études La vue aérienne : savoirs et pratiques de l’espace
(CNRS/British Academy), Paris, 9 juin 2007.
Mon domaine d’investigation : les vues aériennes réalisées avant la fin du 18e siècle, avant l’apparition des ballons et des montgolfières, en particulier dans l’iconographie et la cartographie urbaines.
La question que je veux poser : comment a-t-il été possible de représenter des territoires
(urbains ou non) « à vol d’oiseau », ou vus de haut, c’est-à-dire du ciel, alors qu’il n’existait pas de moyens techniques pour se poster concrètement à cette place ?
Quel est le statut de l’image qui représente cette vue impossible ?
L’image qui représente une vue aérienne représente une expérience qui n’est pas réelle : virtuelle plutôt, ou bien imaginaire. Plus précisément : mon propos est de montrer comment on est passé, sur cette question, de l’imaginaire au virtuel. Ce que j’appelle « vue imaginaire » correspond à ce dont j’avais parlé en partie lors de notre dernière rencontre à Edimbourg, c’est-à-dire à l’usage de la vue de haut dans la tradition des exercices spirituels. Je n’y reviens pas aujourd’hui. J’appelle vue virtuelle la vue aérienne qui correspond à une expérience possible du réel mais qui n’est pas techniquement réalisable autrement que par les moyens de substitution offerts par le dessin.
Il y a deux moyens (mais qui relèvent tous deux du même principe) pour réaliser ces
« vues » : le premier consiste à extrapoler à partir de situations réelles (on se place du haut d’une montagne), l’autre consiste à construire la vue par le dessin, c’est-à-dire par la géométrie, plus précisément la perspective.
Dans les deux cas, c’est le dessin qui décrit/construit une vue qui n’est pas matériellement possible la plupart du temps. L’image réalisée donne à voir ce qu’on ne peut pas voir ailleurs