personne cultivée
Le monde balance entre l'indifférence et l'intolérance. La sympathie est comme morte. L'indifférence est grave. Dans les grandes villes, dans les sociétés occidentales, partout où les communautés élémentaires ont disparu ou se sont affadies , chacun est seul et plus personne ne communique. Un mal ronge non les êtres, mais leurs relations réciproques. Nous ne nous écoutons plus ; nous ne nous voyons plus. Existons-nous aux yeux des autres et ceux-ci existent-ils pour nous? Rencontres de hasard sur fond d'égocentrisme. Vibrations douloureuses d'une voix sans écho. On parle peu de ce mal, que les médias amplifient de leur intarissable monologue, de leur impérieux et vain discours-spectacle. Et pourtant il est destructeur: solitude dans la foule, solitude chez soi, solitude face au monde, solitude face à rien, puisque le sacré même nous échappe, faute de ne plus nous envahir. Mais il y a aussi grave. Et c'est l'intolérance. Elle n'est pas refus de la solidarité avec l'autre, elle est refus de l'autre pour ce qu'il est, ce qu'il fait, ce qu'il pense et, bientôt, refus de l'autre parce qu'il est.[...] L'intolérance n'est sans doute pas plus répandue qu'elle ne l'était jadis- au contraire même. Elle marque depuis toujours l'histoire de l'espèce. Elle s'apparente peut-être à cet instinct de possession et de sécurité qui pousse l'animal à défendre son territoire contre toute intrusion. Allant au-delà de l'esprit de conquête qui s'en prend aux biens, elle conduit à la domination, à l'extermination, car dès lors qu'il existe, l'autre représente un danger. Elle refuse l'existence à celui qui ne partage pas la même croyance. […] L'intolérance, c'est le refus de la différence, c'est la quête sanglante de l'uniformité, le refus de toute autonomie , de toute diversité. C'est le refus de l'échange parce qu'il désarme