Pere Bru
Le Père Bru :
« Elle se prit surtout d'amitié pour un ancien ouvrier peintre, un vieillard de soixante-dix ans, qui habitait dans la maison une soupente, où il crevait de faim et de froid ; il avait perdu ses trois fils en Crimée, il vivait au petit bonheur, depuis deux ans qu'il ne pouvait plus tenir un pinceau. Dès que Gervaise apercevait le père Bru, piétinant dans la neige pour se réchauffer, elle l'appelait, elle lui ménageait une place près du poêle ; souvent même elle le forçait à manger un morceau de pain avec du fromage. Le père Bru, le corps voûté, la barbe blanche, la face ridée comme une vieille pomme, demeurait des heures sans rien dire, à écouter le grésillement du coke. Peut-être évoquait-il ses cinquante années de travail sur des échelles, le demi-siècle passé à peindre des portes et à blanchir des plafonds aux quatre coins de Paris.
- Eh bien ! père Bru, lui demandait parfois la blanchisseuse, à quoi pensez-vous ?
- A rien, à toutes sortes de choses, répondait-il d'un air hébété.
Les ouvrières plaisantaient, racontaient qu'il avait des peines de coeur.
Mais lui, sans les entendre, retombait dans son silence, dans son attitude morne et réfléchie. »
Le père Bru, l’incarnation de la pauvreté.
Le Père Bru est « Un ancien ouvrier peintre, un vieillard de soixante-dix ans, qui habitait dans la maison une soupente, où il crevait de faim et de froid »
Champ lexical de la misère:
Crever, faim, froid. Il vit dans une soupente (dessous d'escalier)
Le temps et la pauvreté ont physiquement marqué cet homme « Le corps voûté, la barbe blanche, la face ridée comme une vieille pomme »
Gervaise, lors de son grand repas invite le Père Bru afin que la tablée ne soit pas au nombre de 13.
« Le vieil ouvrier entra, courbé, roidi, la face muette.
- Asseyez-vous là, mon brave homme, dit la blanchisseuse. Vous voulez bien manger avec nous, n'est-ce pas ?
Il hocha simplement la tête. Il voulait bien, ça lui était égal.
- Hein !