Pensée des lumières ( sur l'art de gouverner)
Sur l’art de gouverner
Charles de Montesquieu École française d'après Jacques-Antoine Dassier, Portrait de Montesquieu, v. 1728. Huile sur toile, 63 × 52 cm. Musée national du château de Versailles.Roger-Viollet L’un des sujets radicalement nouveaux de la littérature de ce temps consiste en une réflexion sur les formes du gouvernement, allant jusqu’à une interrogation sur la légitimité de l’absolutisme à la française. Il est vrai qu’à l’époque les points de comparaison se sont multipliés et que l’Angleterre, en particulier, offre le modèle d’une monarchie constitutionnelle.
Montesquieu, dans son ouvrage politique De l’esprit des lois (1748), mène une étude systématique sur les différentes formes de gouvernement existant dans le monde et, adoptant un point de vue déterministe, souligne les interactions entre des facteurs locaux (comme les conditions climatiques) et l’organisation des sociétés. Il établit ainsi une typologie des gouvernements pour recommander finalement l’adoption d’une monarchie parlementaire, modérée et éclairée, dirigée selon les principes de la raison et de la nature, et respectant le droit à la liberté, à l’éducation et au bonheur.
Enthousiasmé par son séjour en Angleterre, Voltaire, dans ses Lettres philosophiques (1734 ; 1737 pour l’édition définitive), fait lui aussi l’éloge du régime parlementaire, lequel garantit à son sens la liberté et la tolérance.
Diderot, réfutant l’idée d’une autorité politique légitimée par la transcendance divine (voir monarchie de droit divin), prend parti pour une monarchie fondée sur le « consentement des peuples », c’est-à-dire sur un contrat entre le souverain et son peuple, qui garantirait la liberté de celui-ci ; c’est ce qu’il exprime dans son article « Autorité politique » de l’Encyclopédie et dans ses Entretiens avec Catherine II (1773). En contrepartie, il s’oppose à l’exercice tyrannique du pouvoir, même sous la forme plus souriante du despotisme éclairé, et