Penser à tout âge et en tous lieux
Proposée de longue date, cette excellente mesure suscite çà et là critiques et soupçons. Au-delà des manigances idéologiques, il faut rappeler combien le mythe de l'âge adéquat et de la maturité supposée indispensable sont des baudruches cycliques. Les philosophes doivent, depuis l'Antiquité, continûment les dégonfler. « Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la philosophie », Epicure commence ainsi la célèbre « Lettre à Ménécée ». Socrate dans le « Ménon » interroge un jeune esclave. L'enfant est inculte, évidemment, mais il parle et pense, donc peut discerner le vrai et le faux : il saura comprendre, dans un problème de géométrie, et l'erreur qu'il a commise et la bonne solution.
Réserver la pensée à un âge particulier, mais pourquoi donc ? Quand il s'agit de s'exercer à la musique, au sport, aux affaires, est-il jamais trop tôt ? Jamais absolument trop tard ? Il est toujours temps, dans la vie d'un être humain, de s'étonner, de poser des questions, de ne pas se contenter des réponses, d'interroger encore… Sous des formes diverses, la philosophie a partout sa place - du jardin d'enfants jusqu'à la maison de retraite. Il n'existe pas de barrière qui tienne entre les idées et les générations. Pas plus qu'entre les continents.
Car l'espace de la pensée, lui aussi, s'est définitivement ouvert. On