Peau de chagrin
Couché à neuf heures du soir, levé à cinq heures du matin, il travailla durant toutes ses journées agrémentées de rares distractions que son père lui permettait, après les lui avoir promises durant des mois. Mais jamais, il ne connut la liberté. La Restauration avait ruiné les de Valentine et depuis dix ans, le père de Raphael se battait contre les tribunaux afin de se maintenir dans la possession de quelques malheureuses dotations. Une fois le procès perdu, ils se virent condamnés à restituer une somme énorme. Raphael dut céder toute la fortune qu'il avait héritée de sa mère afin de combler les dettes de son père qui en mourut de chagrin quelques mois plus tard. L'orphelin se vit alors jeté à la rue par les liquidateurs avec toute sa fortune réduite au contenu de ses poches. Il calcula qu'en consommant le strict minimum, il pouvait vivre trois ans. Raphael loua une misérable mansarde et diogénisa sa vie, fondant tous ses espoirs sur un ouvrage qu'il passait ses journées à rédiger et qui, une fois achevé, devait lui permettre d'adopte r un style de vie normal. Par malheur, durant cette période de misère, un ami le présenta à Foedora, une richissime femme des hautes sphères de Paris dont il tomba amoureux. Mais cette femme pour qui il s'escrimait à cacher sa pauvreté, brisa le cœur de Raphael. Ayant épuisé tout son pécule, il ne trouva que le suicide pour échapper à cette vie de malheur, de pauvreté et de soucis. En chemin vers la Seine, il décida de rendre un dernier hommage à ce monde en visitant un antiquaire, véritable témoin de toutes les sociétés passées. Là, Raphael découvrit la Peau de chagrin, un talisman qui avait le pouvoir d'exaucer tous les souhaits de son propriétaire. La peau représenterait le nombre de jour