USEK
Faculté des Lettres
Département de Français
Cours de Mme Sophie Salloum

Littérature générale et comparée. Le mythe de Don Juan
Commentaire composé comparé
Le dernier instant. (Tirso de Molina, Le Trompeur de Séville et Le Convive de pierre ; Molière, Don Juan)
Introduction
Trois éléments fondamentaux sont présents dans les différentes versions du mythe de Don Juan. L’un d’eux est l’intervention du surnaturel par l’intermédiaire de la Statue du Commandeur que Don Juan a tué en duel. Le séducteur invite la Statue à diner, celle-ci répond par une contre invitation que Don Juan n’hésite pas à accepter. Dans les deux extraits qui suivent, l’un tiré de la pièce de Tirso de Molina et l’autre de l’œuvre de Molière, Don Juan affronte le Commandeur. Située au dénouement, cette troisième et dernière scène détermine la fin fatale du héros, entraîné dans les flammes de l’Enfer. Dans ces deux textes, trois éléments retiendront notre attention : la main, le repas du mort longuement développé chez Molina, mais omis par Molière et, après le retour au réel, la réaction du valet privé de son maître.
(Passer deux lignes)
I. La main
Dans les deux pièces, un mot et un geste sont présents sous la même forme ; ils donnent à la scène un de ses sens constants, puisqu’ils sont la condition du châtiment final.
Ce mot est une injonction du Commandeur : « Donne-moi la main ». Ce geste est un signe d’engagement auquel, pour la première fois, se prête l’homme qui jusque là avait pratiqué la ruse et l’évasion pour échapper à toute forme de lien avec l’autre, les femmes en particulier. Au dernier instant Don Juan s’engage solennellement lorsqu’il comprend que son existence se trouve à un tournant et que s’instaure avec le Mort une relation où le mensonge n’est plus autorisé.
Ce geste a, enfin, une fonction dramatique. La main que l’insoumis a prise le brûle, le met à terre et le condamne.
« Ah ! ton feu me brûle ! » ( Tirso de Molina, Le trompeur de Séville, III, 6e