Pathelin
Dès les premiers vers de la pièce, le personnage principal est mis en relation avec la parole, puisqu’il s’agit d’un avocat, d’un homme de la parole, dont la parole est l’arme, même si l’on sera amené à s’interroger pour savoir si Pathelin est un véritable avocat.
D’autre part, son nom, sans doute antérieur à la farce, appartient à une série de mots liés au langage : patelin « façon étrange de parler, « jargon », pateliner « tromper par des paroles, par l’usage de divers langages », patelinage, sans doute une création de Rabelais, patelineux « finaud », « qui répond en Normand », patelinois « jargon », « baragouin » ; ce nom est sans doute dérivé de pateler « gazouiler », comme trottin de trotter et galopin de galoper, à partir d’une racine commune au gallo-roman et au germanique, pat-, et patelin, avant de devenir un nom propre, désignait le beau parleur, le trompeur en paroles.
Très vite on découvre un vocabulaire de la parole d’une particulière opulence, touchant à tous les registres. Neutre (dire, parler, proposer) ou pleine d’assurance (desclairer, gloser, hucher, sonner, vanter), la parole peut exprimer une prière ou une requête (clamer) et son doublet (chanter, demander, prier, requerre) ou une tension (brester, braire, crier, débattre, moucher, tancier, tourmenter). Elle est le plus souvent négative, qu’elle soit incompréhensible (barbeloter, barboter, barbouiller, brouiller, fatrouiller, gargouiller, grumeler et abaier qui relève du parler animal), inutile (babiller, bave, baver, baverie, flagorner, gergonner), trompeuse (armer, blasonner, cabasser, flageoller), stupide (balivernes, trudaines, faire le rimeur en prose, n’avoir ni rime ni raison), moqeuse (faire la moe, se moquer, rafarder, rigoler, rire, sorner). De surcroît, les verbes de l’affirmation (affirmer, jurer, promettre...) servent souvent à masquer un mensonge.
Ce relève rapide, qui révèle que la parole, en général, ne permet pas l’échange ni ne