Parentalité et grossesse multiple
Le nombre de grossesses multiples n’a cessé d’augmenter ces dernières années, notamment en raison des traitements contre l’infertilité et de l’accroissement de l’âge maternel. Depuis 2001, on peut constater une stabilisation du taux des grossesses multiples à 1,5 % et une diminution du taux de grossesse multiple de haut rang (c’est-à-dire supérieur à 2 enfants). En effet les grossesses gémellaires représentent plus de 98 % des grossesses multiples.
En élaborant sa théorie sur la construction du lien d’attachement mère-enfant, Bowlby avait émis l’hypothèse du principe de la monotropie de l’attachement maternel : dans l’espèce humaine, le lien d’attachement ne pourrait s’établir qu’avec un seul bébé à la fois.
Ce modèle théorique suscite quelques interrogations concernant les interactions précoces entre la mère et ses enfants jumeaux. Quelles sont les conséquences de la naissance simultanée de deux enfants sur l’expérience consciente et inconsciente du fait de devenir parents et sur la pratique de la parentalité ?
La dualité entraîne des représentations maternelles des enfants différentes. Face au couple gémellaire, R. Zazzo évoque l’angoisse que sa « singularité puisse être anéantie par l’existence d’un double ». En s’appuyant sur la théorie kleinienne, les jumeaux peuvent être envisagés comme un objet clivé, qui peut être ressenti comme une attaque, envers laquelle se mettent en place des défenses particulières.
Parmi ces défenses, M. Cherro évoque le « clivage complémentaire » qui consisterait à projeter de façon systématique ou exclusive des aspects négatifs ou idéalisés des parents sur l’un ou l’autre enfant. Cette différenciation exagérée des traits des enfants se manifesteraient par des couples qui sont clivés de façon rigide : actif/passif, compétent/incompétent, hyperviril/efféminé.
Cherro évoque également une autre défense : la « confusion agglutinative », qui consiste à gommer toute différence entre les