Otto dix rue de prague
Cette toile est une dénonciation de la guerre dont on voit ici les séquelles sur deux mutilés, un mendiant et un bourgeois, et un regard sur l’Allemagne des années 20.
L’image du mutilé, privé à jamais d’une vie normale, souvent horriblement défiguré, était alors utilisée par les revues pacifistes qui publiaient régulièrement des photos insoutenables de visages ou de corps ayant perdu presque toute apparence humaine.
Dans un style proche de la caricature, Dix reprend le même argument contre la guerre mais là aussi le dépasse. En même temps, il renvoie aux Allemands le reflet de leur époque. Une époque d’après-guerre où, dans les vitrines de la rue la plus animée de Dresde, se mêlent accessoires de modes de prothèses ; sur les trottoirs, les mutilés mendient ou vont fièrement sur leur chariot de fortune alors que le monde des biens portants, au dessus d’eux, les ignore. Une époque où l’extrême droite menace avec son refus de la démocratie et son anti-sémitisme étalés dans les tracts qui précèdent les élections de juin 1920.
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Otto Dix, Prager Straße (La rue de Prague), 1920, huile et collage sur toile, 101 x 81 cm, Galerie der Stadt, Stuttgart. En 1920, lors de la première foire internationale à Berlin, Dix exposa Kriegsversehrte (mit Selbstbildnis) (Infirmes de guerre) (avec autoportrait), frise de "gueules cassées" dans une rue, amputés, défigurés, aveugles. La rue de Prague et Die Skatspieler (Les Joueurs de skat), toutes deux de 1920, sont proches de cette oeuvre d'autant plus emblématique qu'elle fut saisie par les nazis en 1933 et probablement détruite. On y voit des hommes diminués, porteurs de prothèses mécaniques, des cicatrices hideuses, des greffes, un monde grotesque d'anciens combattants pour les uns réduits à mendier, les autres exhibant leurs blessures comme autant de preuves de