ORAUX FRANCAIS
Déjà la nuit en son parc amassait Un grand troupeau d'étoiles vagabondes, Et pour entrer aux cavernes profondes, Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait, Et l'aube encor de ses tresses tant blondes Faisant grêler mille perlettes rondes, De ses trésors les prés enrichissait :
Quand d'occident, comme une étoile vive, Je vis sortir dessus ta verte rive, O fleuve mien ! une Nymphe en riant.
Alors, voyant cette nouvelle Aurore, Le jour honteux d'un double teint colore Et l'Angevin et l'indique orient.
8° Ronsard : Amour de Cassandre « Comme un chevreuil » 1552
Comme un Chevreuil, quand le printemps détruit Du froid hiver la poignante gelée, Pour mieux brouter la feuille emmiellée Hors de son bois avec l’Aube s’enfuit,
Et seul, et sûr, loin de chiens et de bruit, Or sur un mont, or dans une vallée, Or près d’une onde à l’écart recelée, Libre folâtre où son pied le conduit :
De rets ni d’arc sa liberté n’a crainte, Sinon alors que sa vie est atteinte, D’un trait meurtrier empourpré de son sang :
Ainsi j’allais sans espoir de dommage, Le jour qu’un oeil sur l’avril de mon âge Tira d’un coup mille traits dans mon flanc.
9° Victor Hugo : Contemplation « elle était déchaussée » 1830-1855
Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?
Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !
Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La