Oeuvres iii, walter benjamin
Quel statut accorder à l'œuvre d'art, à l'ère de la reproduction technique ?
Pour Walter Benjamin, ce qui fait l'authenticité d'une œuvre d'art est son hic et nunc («ici et maintenant») ou l'unicité de son existence au lieu où elle se trouve. Or ceci ne peut qu'échapper à la reproduction. De plus, l'œuvre artistique possède un aura: c'est ce qu'elle transmet dans toute son unicité comme témoignage historique et comme durée matérielle. Cet aura dépérit donc dans la reproduction technique.
L'Histoire montre bien que l'on perçoit une œuvre différemment au cours des siècles. Aujourd'hui, les masses ont tendances à préférer avoir une reproduction qui sera plus proche d'eux spatialement et humainement et laisser ainsi de côté l'unicité de l'objet. En effet, la reproduction technique standardise l'œuvre unique. L'œuvre d'art est maintenant indépendante du rituel et devient donc conçue pour être reproductible. L'art ne se fonde donc plus sur le rituel mais sur la politique. De nos jours, l'œuvre sert d'abord à faire passer une pensée, une idée, elle ne tient plus du mystique. Elle est faite pour être vue par le plus grand nombre d'où sa valeur d'exposition. La photographie en est un bon exemple: elle a pour but de démontrer un fait au yeux de celui qui la regarde. De plus, le cinéma, contrairement au théâtre ne tient plus de l'authenticité mais de ce que le film fait entendre. En effet, une pièce de théâtre est toujours jouée différemment (selon les réactions du public, l'acteur modifie son jeu) et les acteurs deviennent entièrement leur personnage sur la scène qui est le lieu de la production artistique. Au cinéma, l'acteur se présente lui-même à l'appareil et il n'y a pas véritablement de scène à proprement dite. En effet, le public ne peut jouer de rôle et ne peut capter l'aura du personnage par le biais de celui de l'acteur. Le regard que l'on prête à l'œuvre change donc aussi. On jouit d'une œuvre «conventionnelle» alors que l'on a