Oeuvre terrifiante
Béatrice JOYEUX-PRUNEL
Munch, Le Cri ou la faute collective
Qui ne connaît Le Cri de Munch (prononcez « Mounk ») ? – Edvard Munch, ce peintre norvégien né en 1863 et mort en 1944. Celui qui a été volé, à la barbe des gardiens du musée d’Oslo, le 22 août 2004, et dont la presse cause régulièrement : pourquoi l’a-t-on volé ? Pourquoi n’était-il pas mieux gardé ? Qui l’a volé ? Combien vaut-il ? Où faut-il le chercher ? L’a-t-on retrouvé ? Et si on l’avait brûlé ? Presque aussi célèbre que la Joconde maintenant, Le Cri de Munch fait parler de lui dans les blogs et les forums sur Internet. Ce serait, ai-je lu ça et là, une des images les plus reproduites au monde. Ne serait-ce que par les produits dérivés de Scream, le film de Wes Craven sorti en 1997. Même si le masque utilisé pour masquer le tueur du film fut trouvé par hasard (c’était un masque de Halloween), l’opinion générale est que Le Cri inspira Craven. Angoisse, horreur, tout va ensemble. Que dire, alors, sur ce tableau, qu’on n’ait déjà dit. De ce personnage hurlant aux yeux écarquillés, la bouche béante sur l’angoisse qui le dépasse, on fait souvent l’image quintessentielle de l’âme moderne : humanité d’aujourd’hui, perdue dans ce je ne sais plus où je suis ni qui je suis qui fait un jour hurler chacun – et si par hasard quelqu’un n’a pas encore hurlé comme le personnage du Cri, patience : cela viendra. Elle impressionne, cette image qu’on fait regarder aux élèves des lycées et même des écoles