Odyssée
L'articulation entre les trois grandes parties de l'Odyssée soulève plusieurs problèmes de cohérence :
des problèmes de cohérence narrative. La chronologie d'ensemble du poème n'est pas entièrement cohérente : le changement de point de vue entre Télémaque et Ulysse implique une immobilisation du temps pour le personnage qui est délaissé, un « temps mort ». D'autres détails contradictoires apparaissent d'un chant à l'autre. Au chant XVI, v.281-298, Ulysse ordonne à Télémaque d'ôter toutes les armes de la salle où festoient les prétendants, sauf deux glaives, deux lances et deux boucliers ; mais au chant XIX, v.3-33, les deux hommes enlèvent toutes les armes, sans exception. des différences de style, parfois assez sensibles. Cependant, la langue, telle que des analyses linguistiques des formes permettent de la dater, reste globalement la même, exception faite pour les 624 derniers vers.
Au XIXème siècle, ces problèmes de cohérence ont servi de point de départ aux thèses des chercheurs dits « analystes », qui décomposaient le poème en multiples épisodes, en arguant que celui-ci n'avait été composé qu’a posteriori à partir de plusieurs poèmes plus courts, assemblés de façon plus ou moins adroite. En 1859, A. Kirchhoff publie L’Odyssée d'Homère et sa formation, où il émet l'hypothèse que ces trois moments (le Nostos d'Ulysse avec ses épisodes merveilleux, la Télémachie, la vengeance d'Ulysse) correspondaient à l'origine à trois œuvres distinctes, qui auraient été réunies ensuite pour devenir l'Odyssée actuelle[3]. Les critiques « unitaristes », en revanche, ont défendu l'idée selon laquelle le poème avait été composé directement dans la structure que nous lui connaissons aujourd'hui, à l'aide d'arguments divers mettant en valeur la cohérence de l'œuvre.
De nos jours, la majorité des homéristes tend plutôt à admettre l'unité globale de l'œuvre, et attribue les disparités observables à