Observation A l’heure du repas de midi, les résidents s’installent chacun à leur place. Mme M. se trouve dans le hall d’entrée, assise sur un fauteuil. Je l’incite à venir à table mais elle ne semble pas décidée. Elle tient sa poupée à la main et, comme à son habitude, la jette à terre. Je lui propose alors de se lever pour la ramasser mais elle refuse en me disant : « prends, toi… ». Le rituel débute, son besoin de se relier à moi s’exerce. Je saisis la poupée et réitère à Mme M. de venir manger. Alors elle se lève et, de sa démarche vacillante, se dirige vers la salle à manger. Je suis devant elle et me sers de sa poupée comme une invitation à me suivre. Mme M. s’installe à sa table, en face de Mr E., son repas va pouvoir commencer. Il règne dans la salle une grande effervescence. Les éclats de voix, les demandes répétitives sont le lot quotidien. Mme M. mange très vite, d’une façon automatique. Elle repousse son assiette systématiquement entre chaque plat. Elle ne reste jamais devant sa table, elle s’en retire toujours et nous devons la remettre devant son assiette. Il est difficile de savoir si elle apprécie ce qu’elle mange. Elle ne montre aucune émotion, ne verbalise pas son contentement. Elle réagit seulement aux sollicitations environnantes (cris, discussion véhémente…) par des cris continuels. Son comportement mêlé à celui des autres fait boule de neige. L’ambiance dans la pièce devient vite bruyante et chargée d’énervement de part et d’autre. Même en l’incitant à faire de ce temps du repas, un moment d’apaisement, rien n’y fait. Seul son compagnon de table reste d’un flegme étonnant. Il est difficile d’entrer en communication avec elle dans ces moments- là. La finalité est de se renfermer sur elle-même ou de se faire vomir quand l’angoisse est trop grande. Ce jour-là, elle décide de se rapprocher de sa table et de mettre sa tête dans ses bras. Statut Quo, plus aucun échange n’est possible avec Mme M. Je la laisse tranquille.
Analyse
La difficulté,