Nouvelles technologies, démocratie et citoyenneté
Que les hommes soient mauvais disait Kant, la plainte en est aussi ancienne que l'histoire. L'opinion adverse existe, que le monde progresse du mal vers le mieux. Opinion héroïque disent certains, car souvent démentie. Et les nouvelles technologies de l’information et de la communication là-dedans ? Nous font-elles entrer dans un nouvel âge de la citoyenneté, allant jusqu’à permettre l’éclosion de nouveaux citoyens ?
Favorisent-elles un épanouissement de la démocratie, en instaurant une cyberdémocratie ? Ou peut-on dire qu’il n’y a vraiment rien de nouveau et que les mêmes pièces se rejouent à l’identique, le décor seul ayant changé ?
Ce genre de questionnement sur les effets supposés des techniques ne date pas d’hier. En effet, il accompagne régulièrement leur émergence.
Il est en général moins serein que la nature de son objet initial, scientifique et technologique, pourrait le laisser penser. Ainsi, en son temps,
Ampère a pourfendu la machine à vapeur, force arguments scientifiques à l'appui. Au début du 20ème siècle un lobby du courant continu a voulu convaincre que le recours au courant alternatif menait à une impasse, force arguments scientifiques et techniques à l'appui.
On pourrait multiplier les exemples : les hommes entretiennent avec la neutre technique des relations qui ne sont pas dénuées de passion. Pour les uns, la dernière innovation technologique (que ce soient les chemins de fer ou l’ordinateur) signifie enfin le bonheur sur terre.
Pour les autres, elle ne laisse rien présager de bon. Il est des débats (les mérites comparés du Mac et du Pc par exemple) qui ont un petit parfum de « guerre de religion » et gagneraient à davantage de laïcité.
Mais qu’en est-il de la cyberdémocratie ?
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Jean-Pierre ARCHAMBAULT LA REVUE DE L'EPI
LA CYBERDÉMOCRATIE
Depuis 1996, à Villena, la communauté autonome de Valence
(Espagne) expérimente un projet Infoville. Non seulement les cybercitoyens peuvent se tenir