Nouvelle
Elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais désespéré, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre. Elle traversa la rue, et là face à sa maison elle regarda ses souvenirs partir en fumée, puis détournant la tête elle avança, pas à pas à la recherche de la poupée. Le ciel s’était assombri, recouvert des fumées noirs de la ville en flammes, la première slave d’obus était terminé, mais comme toujours depuis ce 21 février, elle savait qu’il en viendrait d’autres détruisant tout, arrachant des vies sur leur passage, poussant les survivants à fuir vers le sud.
Autour d’elle la ville qu’elle chérissait tant n’était plus qu’un vague souvenir, les décombres, les ruines s’étendaient partout, à droite de cette petite épicerie où elle allait chercher son pain chaque matin, il ne restait rien. L’enseigne tombée depuis longtemps à terre gisait au milieu de débris. Seul le mur Est de l’épicerie était encore debout, le reste, plus rien.
Cette guerre lui avait pris tout ce qu’elle avait, son petit commerce de couture, son mari, partis comme tous les autres au front et qui n’était jamais rentré. Elle avait un jour reçu une lettre lui annonçant que le père de sa fille était mort pour la France. A ce souvenir, il lui prit un coup de colère,elle tapa dans un petit amas de gravats envoyant des pierres rouler plus loin. La guerre était cruelle mais elle devait se ressaisir et cesser de pleurer ce qu’elle avait perdu. Elle serra donc ce qui lui restait, sa petite fille. Âgée de cinq ans, elle possédait la même chevelure noire que sa grand- mère, mais les grands yeux verts remplis d’honnêté de son père, son petit nez mutin et sa moue rieuse lui venaient d’elle. Quant à sa poupée, c’était elle qui l’avait cousue dans son petit commerce et qui lui avait offert pour ses trois ans. Depuis sa petite Tania l’emportait partout.
- Maman,