Nothomb
Annita: Vous avez publié un essai et une thèse consacrés à l'oeuvre d'Amélie Nothomb.
Pourquoi avoir choisi d'étudier un écrivain contemporain vivant, en pleine production ?
Laureline: En tant qu'universitaire, on cherche à comprendre comment une oeuvre est littéraire, si les romans peuvent résister à l'analyse, s'il y a quelque chose derrière la lecture rapide, facile : et c'est le cas pour les romans de Nothomb.
On peut la lire pour l'originalité de ses intrigues, en se demandant : mais qu'est-ce qu'elle a encore inventé, où est-ce qu'elle va nous entraîner cette fois-ci ? Ou bien la lire comme un plongeur en apnée pour découvrir des trésors : sa vision singulière du monde et des relations humaines. Quoiqu'il en soit, on a du plaisir à la lire à tous les niveaux : pour une lecture légère, ou une lecture approfondie.
Le grand secret que l'on cherche en tant que chercheur, c'est celui de la création, mais il y en a un autre, qui m'est plus personnel, c'est comment à travers l'écriture Amélie Nothomb parvient à se reconstruire une identité positive après des destructions intimes survenues à la fin de l'enfance, le mystère d'une auto-réparation qui n'est peut-être pas totale, mais en tout cas qui se trouve du côté de la vie. En effet, depuis le premier roman Hygiène de l'assassin, en 1992, la question majeure est : « comment se débarrasser d'un ennemi (ou de soi-même) ? » mais aussi quel salut est possible.
Annita: Et pourquoi ce besoin de la contacter alors qu'il existe déjà beaucoup d'interviews disponibles dans les médias ? Comment s'est passé votre première rencontre ?
Laureline: C'est une écrivain atypique