Si cette époque interroge plus que jamais l’identité, par exemple de la diaspora africaine, notamment à cause de l’interculturalité (pacifique ou violente) permanente, la littérature, en l’occurrence d’Afrique francophone, a toujours eu cette capacité inouïe de l’interroger dans toute sa dimension. Le romancier sénégalais, Abdoulaye Sadji (1910-1965), s’y est attelé jadis à sa manière. Peu connues du grand public, sa réflexion et sa démarche littéraire passionneraient pourtant celui qui s’adonnera à la lecture de ses textes les plus facilement accessibles (matériellement) dont Nini. Mulâtresse du Sénégal sur lequel nous reviendrons plus loin. Rappelons simplement ces quelques données biographiques. Sadji naît à Rufisque, l’une des Quatre Communes du Sénégal, au sein d’une famille de marabouts spécialistes de théologie musulmane. Son père, Demba Sadj, fonde une école coranique pour former des talibés aptes à islamiser les localités sénégalaises. Abdoulaye Sadji est aussi issu de ce cursus scolaire religieux, avant de rejoindre l’école coloniale et y obtenir le Certificat d’études primaires élémentaires. Il réussira le concours d’entrée à l’École primaire supérieure Blanchot à Saint-Louis en même temps que son camarade Mamadou Dia, futur premier ministre du Sénégal à l’Indépendance. Puis, Sadji étudiera à l’École Normale William Ponty en même temps que son travail d’écriture. Il y rencontrera Félix Houphouët-Boigny. Après Ponty, il deviendra enseignant en Casamance. Mais la mort de son père ne lui permettra pas de se rendre en Métropole afin d’y parfaire sa formation. Tant pis, il s’investira beaucoup dans l’espace public au Sénégal en écrivant dans la presse locale coloniale. Dans cet espace public d’alors, le débat portait justement sur le « métissage culturel ». Ainsi c’est ce thème que l’on retrouve fictionnalisé dans Nini. Mulâtresse du Sénégal publié en 1951 par la structure éditoriale Présence Africaine. En effet, Nini, une mulâtresse dactylographe