Nina bouraoui
son enfance en Algérie. Dès l’âge de quatorze ans elle quitte l’Algérie pour
s’installer à Paris puis à Zurich, à Abu Dhabi, pour revenir ensuite en France où
elle vit actuellement. Elle fait ses débuts dans le monde de la littérature avec le roman La
Voyeuse Interdite paru en 1991, livre récompensé du prix inter. Elle publie
ensuite d’autres romans comme Poing Mort(1992), Le Bal Des Murènes(1996),
L’Age Blessé(1998), Le Jour Du Séisme(1999), Gar9on Manqué(2000),La Vie
Heureuse(2002),Poupée Bella(2004), Mes Mauvaises Pensées(2005-le livre qui
lui a apporté le prix RENAUDOT) et Avant Les Hommes(2007).D’où nous
avons tiré l’extrait qu’on va analyser.
EXTRAIT
Ma mère dit que l’amour n’existe pas, que tout est érosion de tout, que les corps s’usent à force de se fréquenter. Elle a quitté mon père quand je suis né. Elle dit que, dans l’amour, il y a cette idée de s’occuper de l’autre. Elle, elle ne voulait pas s’occuper de mon père, ou alors elle voulait juste s’occuper de son corps de temps en temps, mais pas de lui au quotidien ; elle dit aussi que l’on n’est sûr que d’une seule chose : le sexe ; qu’il n’y a que cela qui existe, depuis toujours, que le monde est un sexe géant : des gens en vivent, et d’autres en meurent. Nous avons tous peur de quelque chose, ma mère a peur de la nuit, elle n’arrive pas à dormir seule, elle dit que c’est à cause du décalage horaire mais je ne la crois pas ; c’est toute sa peur de vivre qui se referme sur elle. La peur est un sentiment si fort que l’on peut s’y perdre sans compter. Quand j’ai trop peur, je vais au champ de colza, c’est une masse sous la cité, je regarde la tour de Sami et je me dis que toute la vie se tient là. Il me manque des bouts d’enfance, qui deviennent des bouts de vie, parce qu’ils grandissent