Nietzsche
1. INTRODUCTION
Il n'est pas nécessaire de lire longtemps le Discours sur les sciences et les arts de Rousseau et sa Préface au Narcisse pour être frappé par l'apparente contradiction entre le dédain de l'auteur pour les sciences et les arts, d'une part, et l'usage presque immodéré qu'il en fait, d'autre part.
Rousseau lui-même n'en fait pas mystère, il en parle (Narcisse 6 et 7) pour annoncer son l'intention de prouver qu'il n'a pas tort. Il ne craint pas la contradiction : "J'aime mieux être homme à paradoxe qu'homme à préjugés".
L'objet de ce texte est de chercher ce qui se cache derrière ce paradoxe.
2. LE PARADOXE
Les connaissances de Rousseau sont étendues, c'est le moins qu'on puisse dire. Pour cette raison, il est très étonnant de le voir vanter les Tartares, ignorants et grossiers, mais "préservés de cette contagion des vaines connaissances" (Discours 21). La civilisation n'aurait rien apporté de bon à l'humanité, lui enlevant au contraire les avantages que la vie naturelle lui apportait.
Il semblerait que ce qui s'applique aux autres ne s'applique pas à lui ! C'est encore un beau cas du principe : Faites ce que je dis mais pas ce que je fais !
3. ARGUMENT CONTRE ROUSSEAU
Il est permis de penser qu'il y a là une part d'exagération délibérée. Rousseau, dandy avant le temps, fait de la provocation par plaisir (Discours 32 :"Brisez ces marbres! Brûlez ces tableaux!"). D'autant plus que l'Académie de Dijon représentait justement la vie des science et arts . Et si ce n'est pas de la provocation, alors c'est de l'ironie ou de l'humour. Rousseau pousse la dérision assez loin, décrivant le monde connu comme un étalage de toutes les corruptions et tous les désordres possibles (Narcisse, par. 14, note d).
Dans cette mesure, Rousseau est effectivement en contradiction avec sa propre manière de vivre. Mais il faut voir là un effet oratoire plus qu'autre chose.
4. ARGUMENTS POUR ROUSSEAU
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