Nerval
Gérard de Nerval ajoute en 1854 une douzaine de poèmes sous forme d’appendice, à son recueil de nouvelles en prose intitulé : Les Filles de feu. Cet ajout est publié sous le nom de : Les Chimères. Dans la mythologie grecque, la Chimère est un monstre à corps de chèvre, à tête de lion et à queue de dragon, crachant du feu et dévorant les hommes qui passent à sa portée. Cette désignation se fond parfaitement dans l’optique du romantisme, dont Nerval, Hugo, Nodier, Vigny et Balzac sont les protecteurs. El desdichado s’inscrit dans ce mouvement littéraire, car le poète y met en avant «*la liberté des formes et l’expression du moi, perçu comme divisé et douloureux ». Il n’est donc pas étonnant de découvrir dans cette œuvre de nombreuses figures mythologiques, mais aussi maintes tristes allusions lugubres et mélancoliques.
*Source : Dictionnaire du Littéraire – Editions puf – « le romantisme » – page 535
- En quête d’identité, signe d’un malaise
Le premier alexandrin du poème souligne une identification objective de l’auteur. Ce dernier se compare à l’aide d’un chleuasme, figure de style visant à s’auto déprécier afin d’obtenir une réaction compensatoire, à un ténébreux, à un veuf ainsi qu’à un inconsolé. Ces caractères statiques sont en opposition avec l’alexandrin du premier tercet. En effet l’auteur, confus, se pose la question essentielle : Qui suis-je ? Phébus n’est en fait personne d’autre qu’Apollon, figure mythologique grecque, dieu de la clarté solaire, de la musique, de la divination et de la poésie. Par ces termes, nous pénétrons dans l’univers du paganisme,*nom donné par les chrétiens de la fin de l'Empire romain aux anciennes croyances et pratiques religieuses polythéistes. Les noms propres « Amour ou Phébus » contrastent fortement avec les appellations « Lusignan ou Biron » étant donné que ces deux dernières filiations familiales sont connues pour être d’arides défenseurs du christianisme. Le poème