Ne pas prendre les mots pour la réalité
Nous sommes les bâtisseurs du sens et les apparences sont notre matériau. Ne voyons-nous uniquement que les mots, ou plutôt que les choses que représentent ces mots ? Les mots sont-ils en eux-mêmes réels ? En fait, la question est de savoir si ces mots ne réfèrent qu’à eux-mêmes ou, s’ils renvoient à quelque chose d’autre, plus réel ou substantiel. Bien entendu on peut penser que ces mots ne sont que des sons et que sans l’entendement, ils n’ont pas de raison d’être produit, dans la mesure où il ne s’agit pas d’un exercice musical ou poétique. Mais alors, à quoi réfèrent-ils ces fameux mots ? quelle est la réalité qui les fonde sans leur appartenir ? Une réflexion vient à l’esprit : les mots expriment ce que l’on pense. Mais les mots expriment-ils ce que l’on pense vraiment ou l’expriment-ils d’une façon approximative ? Deux choix se dessinent : Le premier consiste à dire que les mots ne sont que des approximations. Qu’il ne faut pas trop les prendre au sérieux et que creuser plus avant, consiste à chercher ce que la personne a voulu dire, en lui demandant par exemple de développer sa parole, en rajoutant de nouveaux mots ou en corrigeant les premiers pour améliorer l’expression ou la véracité du propos. Puisque l’on ne peut pas faire confiance aux mots, ce schéma semble au demeurant présenter toutes les caractéristiques d’un cercle vicieux. Le second consiste à faire plutôt confiance aux mots et à préférer mettre en doute la personne qui les prononce et en néglige le sens, auteur qui se doit alors d’essayer de voir et comprendre ce que ses mots ont bien exprimé. La première perspective prend un pari sur l’homme en attestant de sa bonne foi, de sa bonne volonté et la seconde, en accordant peu de confiance à l’homme, lui refusant justement cette bonne foi en le croyant douteux et en le soupçonnant d’inconscience ou de mensonge. Bien entendu pour ceux qui favorisent les conjonctures plutôt que les oppositions, la